Les enfants ne sont pas la variable d'ajustement des désirs des adultes
Suite à la rencontre de juillet dernier, L’appel des professionnels de l’enfance écrit à Jean-Paul Delevoye pour lui demander l’organisation d’une rencontre autour de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Jérôme Brunet, président de l’Appel des professionnels de l’enfance (1), faisait partie de la délégation de la Manif pour tous, reçue le 10 juillet dernier.
Au cours de l’entretien, le constat a été fait – par les deux parties – de la « polarisation » des positions sur les questions de société qui « clivent » la population, constatant que l’absence de véritable débat et de dialogue, engendrait incompréhension, frustration et violence.
Jérôme Brunet a fait part de sa grande inquiétude face à cette absence de dialogue et de véritable débat, sur des questions qui bouleversent profondément les structures de notre société, et peuvent avoir des conséquences graves sur les enfants.
Les sujets ne manquent pas et sont éminemment complexes : ouverture du mariage aux personnes de même sexe, ouverture de l’assistance médicale à la procréation (AMP) aux couples de femmes, question de la gestation pour autrui, filiation, familles recomposées, place et rôle des « beaux-parents », séparation des couples, augmentation du nombre de parents isolés, etc.
L’avis rendu par le CESE (2) souligne que : « […] la difficulté pour les politiques publiques à s’adapter aux évolutions contemporaines de la famille tient en partie au fait que chacune d’entre-elles va traiter uniquement d’une dimension particulière, la santé, la fiscalité, la protection sociale, la bioéthique… C’est la mise en cohérence de toutes ces dimensions, la définition de priorités claires, dans un contexte où la famille elle-même évolue, qui s’avèrent très complexes. »
Face à cette complexité, ce même avis va plus loin, en établissant la nécessité de garder comme point de repère éthique la question de l’intérêt supérieur de l’enfant.
« Sans débat de fond sur la question de l’intérêt supérieur de l’enfant, il n’y aura absolument aucune limite posée aux revendications particulières de telle ou telle catégorie de personnes. » rappelle Jérôme Brunet dans ce courrier.
C’est la raison pour laquelle nous demandons à M. Jean-Paul Delevoye d’organiser, au sein du Conseil Economique, Social et Environnemental, une rencontre réunissant différentes sensibilités, acteurs, avis, professionnels… afin de faire un état des lieux et de débattre de ces sujets de société, à l’aune de l’intérêt supérieur de l’enfant.
La base de ce travail pourrait être la Convention Internationale des droits de l’Enfant (CIDE), que la France a signée en 1990.
Ce débat pourrait se dérouler sous la présidence du Défenseur des droits, M. Jacques Toubon.
Nous demandons également que soit mise en œuvre une méthode qui garantisse non seulement l’écoute et le respect de chacun des participants, mais également la rédaction de préconisations communes, car la solution ne passera pas par la « victoire » d’un camp sur un autre, mais par une réflexion et des propositions communes.
Monsieur Delevoye a déclaré il y a peu de temps, « la France est usée psychiquement ».
Que dire des enfants et des jeunes ? De nombreux indices montrent un profond mal être chez les jeunes : augmentation des tentatives de suicide, échec scolaire, accès précoce à la pornographie, addictions…
« Il est plus que temps d’aider les Français à redessiner ensemble un « bien commun » supérieur qui nous permette de redonner du sens à notre époque et aux évolutions de notre société. » conclut Jérôme Brunet
Contact : contact@debattons.org
lire le courrier envoyé : 14.08.14 Courrier M. Delevoye